[Retour sur] - colloque interdisciplinaire des 16 & 17 mai 2019

jeu, 06/06/2019 - 11:21 -- Nathalie ABSALON

Le colloque interdisciplinaire « Le concept de "vivre ensemble" saisi par le droit » s’est tenu les 16 et 17 mai 2019.

 

La notion du « vivre ensemble » émaillant aujourd'hui les discours politiques a provoqué l’interrogation des juristes lorsque la France l’a invoqué comme argument juridique pour interdire le voile intégral dans l’espace public. La Cour européenne des droits de l’homme a, bien qu’avec une réticence due à la « flexibilité » de la notion, accepté cet argument alors que le Comité des droits de l’homme des Nations unies, le rejetait considérant pour sa part la notion « vague et abstraite ». Les juristes de droit public, initiateurs de ce colloque (Marie Rota et André Moine), souhaitant dès lors clarifier ce concept et évaluer son existence même, ont immédiatement compris qu’à eux seuls la réponse ne serait que partielle sinon artificielle. Ils se sont donc spontanément associés à un philosophe (Christophe Bouriau). Mais là encore le « vivre ensemble » risquait de n’être que partiellement cerné. Aussi politistes (Fabienne Greffet, Julien Barroche), sociologue (Jean-Marc Stebe), économiste (David Cayla), littéraire (Thierry Grandjean) sont venus renforcer la réflexion des philosophes (Valéry Pratt, Lukas Sosoe, Paul Clavier) et des juristes de droit public (Thibault Guilluy, Koumba Dembele, Emmanuel Decaux, Katia Blairon, Marie-Odile Peyroux-Sissoko) et de droit privé (Bruno Py) pour tenter de cerner cette notion de « vivre ensemble » et identifier le contenu d’un éventuel nouveau concept juridique.

Le « remue-méninges », collectivement entrepris, s’est avéré enrichissant pour la notion étudiée et plus encore peut-être pour chacun des intervenants. Chacun apportant les concepts opératoires de sa discipline pour identifier le sujet, chacun des autres tentant de les apprivoiser afin de parvenir à une compréhension mutuelle et finalement à une appréhension commune du « vivre ensemble » étudié.

Les contributions ont généralement porté sur le  « vivre bien ensemble » qui peut résulter de la construction de l’Etat, de la religion, de la justice sociale ou de l’éducation ; ou qui peut être renouvelé par la justice transitionnelle, le cosmopolitisme, le féminisme ou encore qui doit être maintenu malgré les revendications identitaires, le néolibéralisme ou le développement de la communication numérique. D’autres contributions ont développé comment on vivait ensemble dans l’Union européenne et au sein de la communauté internationale relayant les interventions, proposées lors de workshops précédents le colloque, sur ce qui pourrait ressembler à l’exigence du « vivre ensemble » dans d’autres pays ou régions : Argentine (Jana Rocha Soria), Afrique (Léonard Matala Tala), Allemagne (Jochen Sohnle), Chine (Xiaowei Sun), Irak (Mélanie Dubuy) et Royaume Uni (Aurélie Duffy-Meunier). Enfin, avant des conclusions aussi pertinentes que complexes à rédiger, des contributions ont examiné ce que les juges nationaux – constitutionnel, administratif et judiciaire – retenaient pour l’heure comme concepts s’apparentant à ce « vivre ensemble en devenir juridique ».

 

La publication courant 2020 des actes de ce colloque permettra à chacun de découvrir les développements de ce « vivre ensemble » dans ses diverses dimensions notamment philosophique et juridique.

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Catégorie: 
Entretien

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