Bienvenue à Mathilde FRAPPIER, Professeur de droit public à l'IRENEE depuis le 1er janvier 2023 qui a répondu à nos questions à l'occasion de la Newsletter #16 - Hiver 2023.
- Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
J’ai commencé mes études de droit à l’Université de Bourgogne. Dès la première année, j’ai été fascinée par la fiction juridique de l’État souverain et, derrière elle, par le droit public. Après une troisième année de Licence effectuée dans le cadre du programme ERASMUS à l’Université de Manchester, au Royaume-Uni, j’ai rejoint l’Université Panthéon-Assas afin de me spécialiser en droit international public. En effet, mon année à l’étranger m’a vraiment convaincu de l’intérêt d’apprendre un langage, ce qu’est le droit, qui serait utilisé partout : imaginez pouvoir discuter avec un étudiant chinois, un avocat tunisien, et un professeur argentin de la règle générale d’interprétation de l’article 31 de la Convention de Vienne ! C’est le quotidien de l’internationaliste.
En Master, j’ai suivi le cours de droit international économique du professeur Yves NOUVEL qui fut pour moi une révélation : j’ai été particulièrement attirée par cette branche du droit dynamique, mêlant enjeux théoriques et aspects pratiques, non cloisonnée sur elle-même. J’avais depuis longtemps l’idée de poursuivre en doctorat et de tenter une carrière universitaire : j’ai donc entamé une thèse qui une fois achevée m’a permis de rejoindre l’Université Toulouse 1 Capitole en tant que Maîtresse de conférences. J’ai ensuite réussi le concours national d’agrégation de droit public, ce qui m’a conduit à l’Université de Lorraine au 1er janvier 2023. C’est une véritable opportunité de poursuivre en tant que Professeure mes recherches à l’IRENEE et mes enseignements à la Faculté de droit, sciences économiques et gestion de Nancy.
- Pouvez-vous nous exposer vos travaux et projets de recherche ?
J’ai consacré ma thèse au traitement national en droit international économique. Il s’agit d’une règle spécifique de non-discrimination entre nationaux et étrangers très diffusée dans les traités de commerce et de promotion et protection des investissements internationaux. Cela m’a permis de m’intéresser à de nombreuses questions tenant à la fois à l’énonciation, au champ d’application et à la mise en œuvre juridictionnelle d’une obligation internationale. J’ai essayé de démontrer que les outils et règles du droit international public permettaient de comprendre les clauses de traitement national au sein des accords économiques et justifiaient certaines adaptations et interprétations. J’ai ainsi modestement voulu contribuer à la question de l’autonomie du droit international économique, question qui agite les spécialistes de la matière depuis les années 1970. Je me perçois donc comme une internationaliste « économiste », et j’aime toujours commenter la pratique contentieuse des groupes spéciaux de l’OMC et des tribunaux arbitraux d’investissement, mais surtout comme une « généraliste ». J’ai ainsi pu travailler sur la qualification de l’individu et la responsabilité pour risque en droit international public.
- Quels sont vos projets et ambitions au sein de l'IRENEE ?
Je dois dire que j’ai été particulièrement bien accueillie. Le directeur Christophe FARDET m’a fortement encouragé à monter mes projets : il n’y a pas de plus belle musique à entendre ! Je suis impatiente de rencontrer l’ensemble des chercheurs et de mettre à profit le fond documentaire de l’Institut. En réalité, les axes de recherches de l’IRENEE correspondent chez moi à des intérêts de longue date : les transformations de la figure de l’État et de celle du juge, en particulier face à la mondialisation, les liens entre nationalité et citoyenneté en droit international, les nouvelles formes de coopération internationale... Je pense déjà à mener des recherches sur le statut du binational et sur l’évolution de la population en tant qu’élément constitutif de l’État en droit international. De plus, si je rejoins l’IRENEE en cours d’année universitaire, c’est en même temps qu’un nouveau Professeur junior titulaire d’une chaire Régulation des plateformes numériques et souveraineté M. Maximillien LANNA. Je suis sûre qu’avec nos profils complémentaires, nous pourrions nous associer sur des projets communs.
L’idée est aussi de réfléchir comment nourrir au mieux mes enseignements, en particulier ceux donnés en Master en droit et en contentieux économique international. J’espère ainsi apporter à la solide équipe d’internationalistes de l’IRENEE de nouvelles perspectives et porter haut les couleurs de l’Institut. Je tiens également à aider les futurs ou actuels doctorants en droit international public qui le souhaiterait : qu’ils n’hésitent pas à me solliciter s’ils veulent échanger. Enfin, je me laisse la liberté de trouver de nouveaux thèmes de recherches au sein du droit international public à l’avenir. C’est la beauté du métier d’universitaire : on ne sait jamais de quoi notre recherche de demain sera faite !