Bienvenue à Benjamin FARGEAUD, nouveau professeur de droit public à l'IRENEE depuis septembre 2020 qui a répondu à nos questions à l'occasion de la Newsletter #8 - Automne 2020.

Présentez-nous votre parcours ?

J’ai réalisé mes études de droit à la Faculté de droit de Sceaux dans un premier temps, puis au sein de l’université Panthéon-Assas à partir de la 3e année de licence. J’y ai suivi un master 2 mention droit public approfondi, avant de réaliser, sous la direction du Professeur Olivier Beaud, une thèse consacrée à La doctrine constitutionnelle sous la IVe République. En ce qui concerne l’enseignement, j’ai eu l’occasion d’exercer comme doctorant contractuel puis assistant temporaire d’enseignement et de recherche au sein de l’Université Panthéon-Assas et comme chargé d’enseignement vacataire à l’Université de Cergy-Pontoise ou encore à l’Université de Strasbourg. L’après-thèse m’a permis de découvrir d’autres environnements professionnels, notamment en travaillant auprès d’un parlementaire à l’Assemblée nationale, jusqu’à ce que la réussite au concours d’agrégation de droit public me permette de me consacrer pleinement à l’enseignement et à la recherche.


Pourquoi avoir choisi Nancy ?
N’étant pas nancéien d’origine, je ne vous surprendrais pas en vous répondant qu’il y a dans cette affectation tout à la fois une part de hasard et une part de choix. La part de hasard est liée au fait que divers évènements professionnels et personnels m’ont amené, depuis quelques années, à orienter ma vie vers l’Est de la France. Une affectation à Nancy venait couronner cette évolution. Mais, bien sûr, Nancy est également un choix. Ce dernier a été guidé par la belle réputation et l’histoire de cette institution riche d’une longue tradition d’enseignement du droit. Difficile de ne pas y être sensible quand on passe devant la façade de la Faculté, que l’on parcourt la bibliothèque universitaire ou que l’on découvre la masse offerte par l’empereur Napoléon III à la Faculté. Par ailleurs, les axes de recherche qui sont ceux de l’IRENEE étaient également de nature à m’enthousiasmer.


Pourquoi le droit constitutionnel ?
Bonne question ! En arrivant en master 2 recherche, je n’étais pas encore certain de la matière dans laquelle je souhaitais me lancer en thèse. Le droit constitutionnel me permettait toutefois de choisir un sujet de thèse en lien étroit avec l’histoire et plus particulièrement l’histoire des idées politiques. C’est d’ailleurs dans cet esprit que je me suis tourné vers celui qui est devenu par la suite mon directeur de thèse. J’ai ainsi pu réaliser une thèse en droit constitutionnel, mais en lien étroit avec l’histoire constitutionnelle et l’histoire des idées. Les auteurs auxquels cette thèse est consacrée ont d’ailleurs pratiquement tous, au cours de leur carrière, pris la liberté de jongler entre les différentes disciplines du droit public (Georges Vedel entre droit constitutionnel et droit administratif, Marcel Prélot entre droit constitutionnel et histoire des idées politiques, tandis que Roger Pinto est passé du droit constitutionnel au droit international public). Ils m’ont légué, ainsi que le concours d’agrégation, une vision unitaire du droit public, même si ma discipline de prédilection est en effet le droit constitutionnel.


Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à nos doctorants ?
D’aborder la thèse avec réalisme et détermination. Avec réalisme, c’est-à-dire en ayant conscience que les temps sont compliqués pour l’enseignement supérieur et la recherche, notamment en ce qui concerne les recrutements. Il y a beaucoup de chercheurs de qualité, mais peu de postes. Cela ne veut pas dire qu’il faut décourager ceux qui ressentent une vocation pour l’enseignement et la recherche. Mais cela veut dire qu’il faut adapter sa stratégie en conséquence. Il convient ainsi de se donner les moyens d’achever sa thèse dans un délai qui soit raisonnable. Ce n’est pas forcément le nombre d'années qui fera la qualité de la thèse. Et si la perspective d’intégrer l’enseignement supérieur ne se concrétise pas, le docteur aura moins de difficulté à s’engager dans un projet professionnel alternatif. Avec détermination, car la situation générale de l’enseignement supérieur n’empêche pas certains jeunes chercheurs de rejoindre l’institution avec succès. Pour cela, il faut, au-delà de la thèse, avoir fait la démonstration de sa capacité à enseigner dans différentes disciplines ainsi que sa capacité à publier dans un domaine autre que son domaine de recherches doctorales. Enfin, même si les temps sont difficiles, il ne faut pas noircir le tableau : le travail de thèse demeure un exercice à nul autre pareil, aussi exigeant qu’enrichissant. C’est une épreuve difficile, mais qui permet de développer des qualités telles que l’autonomie, la précision dans la rédaction ou encore la rigueur de l’analyse. Dans un monde rythmé par le temps court, l’actualité immédiate et les experts médiatiques, la thèse permet de développer des qualités aussi rares que précieuses et ne sera donc jamais, pour ceux qui l’auront mené à bien, un exercice vain.