Esprit seras-tu là ? La protection de la faculté de penser des citoyens
Vendredi 6 juin 2025
AMPHI AR06 - Faculté de droit, sciences économiques et gestion de Nancy
Journée d'études sous la direction scientifique de André MOINE, Maître de conférences en droit public, Université de Lorraine / IRENEE UR7303
> Programme détaillé (à venir)
> Inscription en présentiel obligatoire (gratuite)
Présentation :
À la suite des réflexions menées lors de la journée d’étude sur les nécessités démocratiques de s’appuyer sur une vérité commune et de préserver parallèlement la liberté d’opinion[1], une étude complémentaire peut être menée sur la faculté qu’a le citoyen de « tout simplement » penser. En effet, les pratiques de manipulation ou les mensonges (évoqués lors des échanges de la journée d’étude précédente) reposent en partie sur le potentiel engourdissement intellectuel des citoyens. Celui-ci est dû à des facteurs multiples qui entament la volonté ou la capacité des hommes à être des citoyens c'est-à-dire des personnes qui se forgent leurs opinions en « toute connaissance de cause ». La liberté individuelle de pensée est consacrée dans les textes mais le devoir civique de penser n’est pas retenu, or il est indispensable à la qualité de la démocratie et à sa perpétuation. Cette faculté humaine de penser, c'est-à-dire, outre de se penser (cogito ergo sum), de comprendre ce qui est et d’imaginer ce qui n’est pas, de relier, par le présent, le passé et le futur, devrait dès lors faire l’objet de politiques publiques adaptées et efficaces et d’une protection juridique.
La faculté de penser subit en effet diverses atteintes qui tendent à l’amoindrir et pourraient conduire à affecter l’humanité dans son ensemble, dans son évolution et dans ce qu’elle est. Le désintérêt pour la chose publique, l’affaiblissement de l’esprit critique, le rétrécissement de l’horizon culturel, la médiatisation technologique du rapport au monde, la désinformation algorithmique sont autant d’atteintes à la faculté de penser et qui nuisent potentiellement à l’avenir de régimes « démocratiques et sociaux ». L’apathie des citoyens affecte(rait) leur autonomie individuelle et collective et ouvri(rait) la porte à l’avènement de régimes autoritaires nés de propositions simplistes ou mensongères. Or « L’autonomie est [...] un principe de la dignité de la nature humaine et de toute nature raisonnable » (Kant).
Dès lors qu’elle est considérée comme indispensable, notamment de par sa contribution à l’explication et à la compréhension, à l’innovation et à la création, à l’adaptation et à l’évaluation citoyennes, quels moyens sont susceptibles d’être mobilisés afin de préserver la faculté humaine de penser ? Quelles sont les politiques publiques et les réglementations qui sont ou seraient à même de protéger cette ressource naturelle indispensable à la survie d’une certaine humanité ?
[1] Journée d'études "Vérité établie et diversité des opinions - La conciliation de deux nécessités démocratiques", 7 juin 2024, Nancy, organisée par l'IRENEE, à paraître dans la revue Civitas Europa (n°54, juin 2025).