Le colloque intitulé « Les habits neufs du citoyen » s’est tenu les 1 et 2 octobre 2020. Organisée avec le soutien de l’équipe de l’IRENEE, cette manifestation a vu ses modalités pratiques bouleversées par le contexte sanitaire. Le colloque international s’est en effet finalement tenu « en ligne », grâce à l’accord de tous les intervenants.

 

Cette rencontre scientifique partait de l’hypothèse de travail, largement partagée dans la littérature académique, selon laquelle le citoyen serait, depuis trois décennies au moins, l’objet de profondes transformations. Ces mutations en altèreraient la substance, alors même qu’il a constitué la figure première de l’ordre juridique et politique construit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les transformations qui ont touché la place du citoyen, dans les démocraties européennes, n’ont-elles pas mené à une profonde redéfinition du statut réellement occupé par le citoyen ? Comme l’empereur du conte d’H. C. Andersen auquel le titre fait allusion, les « habits neufs » qui seraient aujourd’hui offerts au citoyen ne seraient-ils pas le symbole d’une chute que personne, encore, n’oserait voir en face ?
Pour explorer cet enjeu fondamental pour nos sociétés, le colloque a fait le pari de l’interdisciplinarité. Pendant deux jours intenses, des spécialistes issus de différentes disciplines (politistes, juristes en droit constitutionnel, droit de l’Union européenne, droit international, spécialistes de sciences sociales et de philosophie) ont eu la possibilité de développer, de confronter et de mettre en commun leurs analyses et leurs perspectives, qui donnaient une place importante à la comparaison internationale des phénomènes étudiés.
Deux axes majeurs ont structuré ces échanges. Le premier a mis à l’épreuve l’hypothèse de la « fragmentation du concept de citoyen » consécutive à l’apparition de phénomènes récents : l’instrumentalisation de la nationalité à des fins de politique étrangère, la marchandisation des passeports, l’apparition de formes régionales et hybrides de nationalité (comme la citoyenneté européenne), etc… Le second axe de réflexion a interrogé les « mutations de la citoyenneté contemporaine », confrontée en particulier à une crise protéiforme de la référence nationale comme lieu privilégié de la citoyenneté. Pensons par exemple à l’importance inédite occupée par  l’idée d’un « citoyen du monde » dont l’advenue serait rendue capitale, notamment afin de faire face à la crise écologique planétaire.  Celle-ci ne cesse-t-elle pas de souligner les limites du pouvoir d’agir des États-nations ? A l’issue d’échanges riches et féconds, les organisateurs ont décidé de préparer un ouvrage collectif qui rassemblera les interventions présentées lors de cette manifestation scientifique. Sa parution est prévue pour la fin de l’année 2021.

 

Propos de Mélanie DUBUY et Gildas RENOU, organisateurs de ce colloque.