Le 29 novembre 2018, Claire Visier, maitresse de conférences à l’Université Rennes-1 (Faculté de Droit et de Science politique) est intervenue dans le cadre du séminaire des «  jeudis de l’IRENEE ». Spécialiste des relations entre l’Europe et les pays du Proche-Orient, du Maghreb et du Machrek, elle étudie les relations entre la Turquie et l’Union Européenne depuis une dizaine d’années.

Le livre qu’elle vient de publier sous sa direction, aux Presses Universitaires de Rennes, est intitulé La Turquie d’Erdogan. Avec ou sans l’Europe ? (collection Res Publica, 2018). Ce livre repose sur une recherche collective de cinq ans, impliquant six chercheuses issues de plusieurs disciplines.

Au cours de ce séminaire, C. Visier a exposé la démarche intellectuelle et méthodologique déployée dans cet ouvrage. Il s’agit d’une recherche qui se situe à l’intersection entre deux domaines : les études consacrées à l’élargissement de l’Union Européenne et les études de la société et du système politico-économique turc. Ce croisement se justifie par le fait que la relation entre UE et Turquie sont, depuis les années 1990, avant tout structurées par la perspective de l’élargissement et de l’intégration future de la Turquie au sein de l’UE.

Or, à partir de 2008-2010, la perspective de l’entrée de la Turquie est devenue de moins en moins probable, ce qui a généré des conséquences, tant sur le système turc que sur l’UE. Pourtant, les dotations européennes vers la Turquie sont aujourd’hui toujours versées dans le cadre de la « pré-adhésion ». L’ouvrage retrace donc l’histoire d’un processus d’adhésion manquée, sous différentes perspectives.

Devant un public venu nombreux, Clairte Visier a plaidé pour une approche moins quantitative et moins formaliste des études sur l’élargissement de l’UE. Son approche vise en effet à intégrer à l’analyse les aspects et géopolitiques (OTAN, perspective commerciales avec les Républiques turcophones d’Asie centrale comme le Kazakhstan). Elle prend aussi en compte les démobilisations des acteurs qui furent un temps moteurs de l’ambition européenne de la Turquie  (patronat, élites politiques, etc.). L’histoire n’est pas absente de cette approche : l’auteur considère que, sans l’éclatement de la guerre civile syrienne et la réémergence subséquente de l’enjeu kurde au premier plan dans la politique turque, l’évolution actuelle du régime politique turc, liberticide et autoritaire, aurait été rendue beaucoup plus difficile.  

Cette riche intervention a suscité de nombreuses questions de la part des collègues enseignants-chercheurs ainsi que des étudiants et doctorants présents à ce séminaire. Le succès de cet événement appelle la tenue d’autres séminaires de recherche, en particulier de moment d’échanges dédiés à l’analyse de la situation politique et des formes institutionnelles de l’Europe au sens large, un sujet qui constitue l’un des axes privilégiés des investissements scientifiques de l’IRENEE.

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Propos recueillis par Gildas Renou.

Légende des photos (intervenants de gauche à droite) : Claire Visier, Maitresse de conférences de l'Université de Rennes et Gildas Renou, Maitre de conférences IRENEE/UL